Renforcer la responsabilité et l'excellence dans les hôpitaux ougandais grâce à l'hygiène des mains

20 octobre 2024

Renforcer la responsabilité et l'excellence dans les hôpitaux ougandais grâce à l'hygiène des mains

Les infections associées aux soins de santé (IAS) et la résistance aux antimicrobiens (RAM) constituent des défis majeurs en matière de santé publique en Ouganda, où plus de 15 % des patients risquent de contracter des infections au cours d’un séjour à l’hôpital. Le non-respect des règles d’hygiène des mains (jusqu’à 10 % dans certains établissements de santé) aggrave souvent ces risques, ce qui entraîne des séjours hospitaliers plus longs, une augmentation des coûts des soins de santé et de mauvais résultats pour les patients, notamment une vulnérabilité accrue aux infections résistantes aux médicaments. 

Pour relever ces défis, le Programme de l'USAID sur les médicaments, les technologies et les services pharmaceutiques (MTaPS) et le ministère ougandais de la Santé ont lancé un programme ciblé de prévention et de contrôle des infections (PCI) axé sur l'amélioration de l'hygiène des mains. Ce programme est décrit dans une étude récemment publiée dans Frontières en santé publique qui met en évidence l’impact significatif et à long terme des initiatives de PCI sur la réduction de la RAM et l’amélioration de la sécurité des patients.  

L’étude fournit des données précieuses sur la manière dont les interventions durables en matière d’hygiène des mains, basées sur des approches fondées sur des données probantes, ont produit des résultats mesurables dans six hôpitaux. Notre travail souligne l’importance des méthodes fondées sur les données pour améliorer la prévention et le contrôle des infections dans des contextes aux ressources limitées comme l’Ouganda. 

Approche basée sur les données pour le respect de l'hygiène des mains 

MTaPS met en œuvre la stratégie d'amélioration de l'hygiène des mains de l'OMS dans les six hôpitaux depuis 2019. En utilisant une approche d'amélioration continue de la qualité (ACQ), le programme a doté les agents de santé des compétences nécessaires pour effectuer des contrôles IPC de base et gestion des antimicrobiens évaluations, permettant à chaque hôpital de personnaliser ses interventions pour répondre à ses défis uniques. 

Le Dr Doreen Birabwa-Male, directrice médicale et directrice générale adjointe de l'hôpital de réadaptation CoRSU, a souligné que l'approche personnalisée était la clé du succès du programme : « Le soutien nous permettra de réaliser des améliorations significatives dans la maîtrise de la RAM, car les professionnels de santé sont désormais équipés pour relever les défis identifiés et adapter les interventions à leurs contextes spécifiques. » 

En abordant des problèmes clés tels que l’accès irrégulier aux produits d’hygiène et les différents niveaux de connaissances, MTaPS a jeté les bases de pratiques IPC efficaces et durables qui ont eu un impact durable. 

Impact mesurable : une culture de responsabilité et d’excellence 

Les six hôpitaux ont obtenu des résultats significatifs grâce au soutien technique du MTaPS. Le respect des règles d'hygiène des mains a plus que doublé, passant de 19.9 % à 53.8 %, tandis que les connaissances des professionnels de santé en matière de pratiques de prévention et de contrôle des infections se sont améliorées, passant d'une moyenne de 45 % à 76 %. Ces améliorations ont contribué à réduire l'incidence des infections nosocomiales et à atténuer la propagation de la RAM. 

L’un des facteurs clés de ces succès a été la culture de responsabilisation encouragée par le programme. Le personnel de l’hôpital est non seulement devenu plus compétent, mais aussi plus investi dans le maintien des normes de prévention et de contrôle des infections. Le Dr James Nyonyintono, responsable des programmes cliniques à l’hôpital de Kiwoko, a observé ce changement : « MTaPS a motivé notre personnel et renforcé les comités fonctionnels, inculquant un sens de la responsabilité qui a fait une différence durable dans nos pratiques de contrôle des infections. » 

Apprentissage et collaboration entre hôpitaux 

Le MTaPS a également créé un réseau collaboratif entre les six hôpitaux. En facilitant les visites de référence, les professionnels de santé ont pu partager les meilleures pratiques et améliorer leurs propres stratégies.  

Par exemple, Sœur Alupo Florence, responsable du service de maternité de l’hôpital Kumi, a expliqué comment une visite dans un hôpital très performant lui a donné la confiance nécessaire pour gérer plus efficacement la septicémie maternelle. « Après la visite de référence que MTaPS nous a aidés à faire, j’ai acquis plus d’assurance dans la gestion de la septicémie maternelle dans mon service », se souvient Sœur Alupo.  

Ces visites ont favorisé des partenariats durables qui ont continué à renforcer les stratégies de prévention et de contrôle des infections dans l’ensemble du réseau d’hôpitaux. Le Dr Nyonyintono a souligné l’importance de ces liens : « Nous allons continuer à établir des réseaux et à discuter de quelques questions avec les dirigeants des différents comités de l’hôpital Lacor pour en apprendre davantage. À partir de là, nous avons développé un réseau avec Lacor qui, selon nous, sera fructueux. » 

Un modèle évolutif pour l'IPC  

Les travaux du MTaPS démontrent que même dans les environnements aux ressources limitées comme en Ouganda, des progrès significatifs en matière de prévention et de contrôle des infections et de maîtrise de la RAM sont réalisables grâce à des approches d'amélioration continue de la qualité basées sur les données. Frontières en santé publique L’étude valide en outre ce modèle comme étant évolutif et rentable, fournissant un modèle pour d’autres établissements de soins de santé en Ouganda et au-delà.  

Cette initiative offre une solution pour réduire les infections nosocomiales, améliorer la sécurité des patients et ralentir l’émergence de la RAM. 

Comme l’a souligné le Dr Birabwa-Male, il est essentiel de changer les attitudes à l’égard de la prévention et du contrôle des infections pour garantir le succès à long terme : « Le plus grand défi est celui de l’attitude. La prévention et le contrôle des infections doivent faire partie de notre travail quotidien et c’est à ce moment-là que nous verrons véritablement des améliorations dans la prestation des services de santé. »