La formidable Fabienne
La formidable Fabienne
Par Nga Nguyen, Bureau de l’USAID pour la santé et la nutrition maternelles et infantiles (MCHN), et Nary Ramanarivo et Hasina Verohanitra Rabearihanta, USAID/Madagascar
Cet article a été publié pour la première fois sur Medium.
Le parcours d’une infirmière/sage-femme dans la mise en place d’un centre de santé dirigé par la communauté offrant des services améliorés à Madagascar.
Marie Fabienne Edourdine, affectueusement appelée Fabienne, a fièrement conduit les visiteurs dans le Centre Santé de Base (CSB) de Manamby dans sa communauté malagasy. Il y a sept ans, lorsque Fabienne a commencé à travailler au CSB, l’établissement était en très mauvais état, avec un approvisionnement en eau peu fiable et des toilettes insuffisantes. Aujourd’hui, les visiteurs sont accueillis par un jardin bien entretenu et des arbustes bien verts, une première impression qui en dit long.
Avant l’arrivée de Fabienne, il n’y avait qu’une seule latrine à fosse traditionnelle partagée par le personnel et les patients. Il n’y avait pas d’eau courante dans l’établissement, pas même dans la salle de travail et d’accouchement, et aucune clôture pour délimiter les frontières du centre de santé.
« Je n’ai même pas reconnu que c’était un CSB », a déclaré Fabienne. « Maintenant, les gens viennent ici pour prendre des photos du CSB. »
À Madagascar, environ 2 600 CSB sont classés au niveau 1 ou au niveau 2, selon la taille de la population qu’ils desservent. Les CSB1 sont dotés d’un agent paramédical ou d’un(e) infirmièr(e) qualifié(e). Les CSB2, souvent situés dans les grands villages ou les aglomérations régionaux, sont généralement tenus par un médecin et disposent de lits et de chambres pour les patients.
Depuis 2018, le projet USAID ACCESS a soutenu plus de 1.800 CSB à travers le pays. Cela a permis la construction et la réhabilitation de 100 points d’eau potable et de 180 toilettes hygiéniques dans 107 établissements de santé, la formation de 418 agents de santé, et la mise en place de 162 comités d’hygiène.
En 2021, le CSB de Manamby où travaille Fabienne a été certifié par le Ministère de la Santé Publique et le Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène de Madagascar comme une Formation Sanitaire « Amie de WASH ». Cela signifie que l’établissement dispose d’eau courante, de toilettes sanitaires, de stations de lavage des mains pour le personnel de santé et pour les patients, et d’infrastructures de gestion des déchets. En outre, le personnel de santé a été formé sur la prévention et le contrôle des infections, et un comité d’hygiène a été mis en place.
Dans le cadre d’un investissement apporté par ACCESS, la collectivité devait contribuer à hauteur d’environ 280 USD au coût total de 5.000 USD pour les travaux de rénovation apportées au centre de santé.
Grâce aux efforts de plaidoyer locaux, Fabienne, son mari et d’autres membres du personnel de santé ont mobilisé leur communauté pour apporter une petite contribution financière ainsi que des dons en nature, ce qui a stimulé l’appropriation communautaire et la fierté envers ce centre de santé.
Ce n’était que le début de la mission de Fabienne pour transformer le centre de santé.
Une des exigences d’une Formation Sanitaire Amie de WASH est la mise en place d’un comité d’hygiène composé de représentants du gouvernement, du personnel du CSB et de membres de la communauté. Leur rôle est de garder l’établissement propre et d’élaborer des plans de travail annuels précisant le rôle et les responsabilités de chaque membre.
De par sa conception, le comité d’hygiène fait partie du CSB qui est une entité gouvernementale à qui il est légalement interdit de collecter des fonds. Sous le leadership de Fabienne, le Comité d’hygiène a suivi un processus légal pour devenir ce que l’on appelle aujourd’hui une association d’hygiène, une entité indépendante disposant de son propre compte bancaire et d’une capacité de collecte de fonds.
L’association se compose de 12 membres, dont une présidente (Fabienne), une secrétaire, une trésorière et des membres de la communauté, tels que le chef du village/fokontany, les agents communautaires et le personnel du CSB. Chaque membre verse 2 000 ariary par mois (moins de 1 USD) et les membres peuvent accéder au fonds commun si eux-mêmes ou leur famille ont besoin de payer pour des services ou des médicaments au sein du CSB. Les efforts de l’association ont également permis de fournir de nouvelles poubelles, des ampoules et un drapeau pour le centre de santé de Manamby.
Fabienne a déclaré que le fait d’avoir une association formelle maintient les infrastructures sanitaires propres et opérationnelles. Alors que la commune emploie un nettoyeur, l’association facture aux non-patients une somme symbolique pour l’utilisation des latrines et des douches. Ce fond est ensuite utilisé pour l’achat des produits de nettoyage et l’entretien des installations.
Le chemin vers la certification n’a pas été facile, mais l’engagement indéfectible de Fabienne a fait du CSB de Manamby un modèle pour le district. Elle a dit que le secret de son succès a toujours été l’appui de la communauté.
« Je ne suis pas un dirigeant, mais j’implique la communauté », a-t-elle déclaré. « Je ne serai peut-être pas là demain, donc ce centre est [le leur]. »
Le mari de Fabienne, qui ne fait pas partie du personnel du CSB, a aidé à mobiliser des fonds communautaires et à promouvoir des comportements plus sains. Fabienne reconnaît que sans le soutien de son mari, il aurait été difficile d’atteindre l’état actuel de propreté des installations sanitaires et le paiement régulier pour leur utilisation.
Cette initiative démontre une adaptation réussie face aux défis liés à l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène (WASH) à Madagascar et souligne l’importance de gérer adéquatement les installations WASH pour s’assurer qu’elles soient des endroits accueillants et sûrs pour les usagers. L’accès à l’eau, à l’assainissement et aux pratiques d’hygiène sont essentiels à la prévention et au contrôle des infections.
À l’échelle mondiale, les infections sont parmi les troisièmes causes de décès les plus fréquentes chez les mères et parmi les quatre principales causes de décès chez les nouveau-nés. Un accès durable protège également le personnel de santé et les patients, permettant ainsi des soins continus et de qualité, même face aux aléas climatiques comme les sécheresses, les inondations et autres catastrophes naturelles.
C’est important, étant donné que Madagascar est également le quatrième pays le plus touché par le changement climatique dans le monde. L’île est aussi confrontée régulièrement à une vague de sécheresses ainsi que des cyclones fréquents et intenses, en particulier dans le sud et le sud-est du pays.
Cet effort pour améliorer les soins de santé primaires, ainsi que d’autres initiatives WASH, font partie des investissements de l’USAID à Madagascar, qui est un pays hautement prioritaire pour le gouvernement américain.
À propos des auteurs
Nga Nguyen travaille au Bureau de la santé et de la nutrition maternelles et infantiles (MCHN) de l’USAID, et Nary Ramanarivo et Hasina Verohanitra Rabearihanta travaillent au bureau de santé de la mission de l’USAID à Madagascar. Le bureau du MCHN veille à ce que toutes les femmes et tous les enfants aient les mêmes chances de vivre en bonne santé, quel que soit leur lieu de résidence ou de naissance. L’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH) est l’un des domaines techniques du bureau qui rapproche les services de santé vitaux liés à l’eau des communautés du monde entier.